Comment un algorithme nous contrôle!

L’algorithme influence ce que nous achetons, où nous allons, ce que nous regardons et même qui nous rencontrons. Pourtant, derrière son efficacité se cache une réalité complexe : ce système amplifie souvent les inégalités et opère dans une opacité troublante. Voici comment ce programme invisible structure notre quotidien, parfois à notre insu.


logo de tinder

1. Les applications de rencontre : l’amour par algorithme

Les algorithmes des applications de rencontre comme Tinder ou Bumble ne se contentent pas de montrer des profils aléatoires. Ils calculent méticuleusement quelles personnes sont susceptibles de matcher.

  • Favoritisme des beaux et des riches : Les profils jugés attractifs par leurs photos ou leurs descriptions, souvent ceux bénéficiant d’un « capital social » élevé, sont favorisés.
  • Un miroir des inégalités sociales : Ces biais reproduisent les hiérarchies sociales existantes, rendant les rencontres moins inclusives qu’elles ne le paraissent.

Statistiques pour les hommes

Les hommes sur Tinder font face à des défis considérables en termes de matchs :

  • Le taux de réussite moyen pour les hommes est de seulement 2,8%.
  • En moyenne, un homme obtient 0,6 match par jour.
  • 52% des hommes ont moins d’un match par jour.
  • 13% des hommes ont moins d’un match par semaine.
  • Les hommes swipent à droite sur environ 14% des profils.

Statistiques pour les femmes

Les femmes, en revanche, connaissent généralement plus de succès sur l’application :

  • Le taux de réussite moyen pour les femmes est de 35%.
  • En moyenne, une femme obtient 5 matchs par jour.
  • Les femmes swipent à droite sur environ 4,5% des profils.

Comparaison hommes-femmes

Cette disparité s’explique en partie par la répartition démographique des utilisateurs de Tinder :

  • 75% des utilisateurs de Tinder sont des hommes
  • 24% des utilisateurs de Tinder sont des femmes.


2. Waze : la route tracée par les données

Lorsque vous utilisez Waze ou Google Maps, vous suivez un itinéraire optimisé par un algorithme basé sur des données massives : trafic, incidents, travaux, etc.

  • Le confort au détriment des autres : Bien que ces outils facilitent nos déplacements, ils créent parfois des nuisances en redirigeant les flux de circulation vers des zones résidentielles.
  • Un pouvoir sur vos choix : Vous n’avez plus à réfléchir, mais vous devenez dépendant de ces outils pour vos trajets.

Néanmoins, lors de certains trajets en ville, l’algorithme de Waze a recommandé des itinéraires plus longs en raison d’une surcharge de données en temps réel, tandis que d’autres applications de navigation, comme Google Maps, ont proposé des alternatives plus rapides en évitant les zones congestionnées. Ces tests montrent que l’algorithme de Waze, bien qu’efficace dans de nombreux cas, n’offre pas toujours la solution la plus rapide dans toutes les situations.


3. Amazon : prédire vos envies avant même que vous les formuliez

Amazon sait souvent ce que vous allez acheter avant que vous en soyez sûr vous-même.

  • Un ciblage ultra-précis : L’algorithme analyse votre historique, vos recherches et les tendances pour afficher des produits susceptibles de vous séduire.
  • Les biais commerciaux : Les produits sponsorisés ou plus rentables pour Amazon apparaissent souvent en priorité, biaisant la « recommandation personnalisée ».

L’algorithme d’Amazon façonne nos décisions d’achat en personnalisant l’expérience selon nos recherches et achats précédents. Grâce aux recommandations basées sur nos préférences, l’algorithme nous suggère des produits qui correspondent à nos besoins, augmentant ainsi les chances de clics et d’achats. Les avis clients et les produits bien notés sont privilégiés, renforçant la confiance dans nos choix. Les filtres de recherche facilitent la navigation, tandis que les prix dynamiques créent un sentiment d’urgence en ajustant les coûts en temps réel. En somme, cet algorithme rend l’achat plus rapide, plus ciblé et plus influencé par nos comportements passés.


4. Netflix et YouTube : une boucle infinie de recommandations

Les algorithmes de recommandation des plateformes de streaming et de vidéos, comme Netflix ou YouTube, fonctionnent pour maximiser votre temps d’écran.

  • Un contenu sur-mesure, mais limité : En vous montrant des contenus similaires à ce que vous regardez déjà, ces systèmes enferment parfois les utilisateurs dans des « bulles de goûts ».
  • Un piège chronophage : L’objectif ? Vous garder actif sur la plateforme, même si cela signifie regarder des contenus moins intéressants.

L’algorithme de recommandation de Netflix a tendance à nous enfermer dans une bulle de contenus personnalisés. Par exemple, en nous proposant principalement des séries ou des films similaires à ceux que nous avons déjà regardés, il réduit notre capacité à découvrir de nouvelles perspectives ou à élargir nos horizons. Cela empêche souvent les utilisateurs de voir « le grand tableau » et de s’ouvrir à des genres ou des sujets différents, limitant ainsi la diversité de notre expérience de visionnage. Au final, cet isolement algorithmique peut renforcer nos préférences et biais existants, tout en nous rendant moins ouverts aux idées nouvelles.

5. Google : la vérité selon l’algorithme PageRank

Lors d’une recherche sur Google, l’algorithme PageRank décide quels résultats apparaissent en premier.

  • Un accès contrôlé à l’information : Les premiers résultats ne sont pas forcément les plus pertinents, mais ceux optimisés pour le SEO ou répondant à des critères économiques.
  • Un manque de diversité : Les points de vue alternatifs ou les petits sites sont souvent invisibilisés face aux grands acteurs.

L’algorithme PageRank de Google classe les pages en fonction de leur autorité, mais cela peut être un double tranchant. Si une page reçoit de nombreux liens entrants de sites fiables, elle sera mieux classée, ce qui augmente sa visibilité. Cependant, ce système peut également faire passer à côté des sites très pertinents mais qui n’ont pas un bon référencement ou suffisamment de liens entrants. Par conséquent, certains contenus de qualité peuvent être relégués aux pages suivantes des résultats de recherche, simplement parce qu’ils n’ont pas l’autorité nécessaire pour se classer en tête.


6. Orientation post-BAC : un avenir dicté par un algorithme

En France, le système d’affectation Parcoursup repose sur des algorithmes complexes pour décider des admissions dans l’enseignement supérieur.

  • Un système opaque : Les critères précis de sélection sont rarement expliqués, ce qui engendre des frustrations chez les élèves et leurs familles.
  • Reproduction des inégalités : Les résultats scolaires, les préférences géographiques favorisent les étudiants issus de milieux plus aisés ou mieux informés.
  • Un impact durable : Ces choix façonnent des trajectoires de vie, soulignant à quel point un algorithme peut avoir une influence décisive.

Un exemple des limites de l’algorithme de Parcoursup se manifeste lorsque des étudiants avec des dossiers exceptionnels ne sont pas admis dans les formations de leur choix. Par exemple, certains élèves ayant des moyennes proches de 18/20, des recommandations de professeurs et des stages pertinents ne sont pas affectés dans des filières très demandées, comme médecine ou psychologie. En revanche, des candidats avec des dossiers plus faibles sont retenus. Au 12 juillet 2024, 85 000 personnes n’ont pas d’affectation. Cela montre que, même avec un excellent dossier et une grande variété de vœux, l’algorithme de Parcoursup n’assure pas une affectation équitable. En conséquence, des étudiants se retrouvent sans place malgré leurs efforts.


Un point commun : l’opacité des algorithmes

Un des aspects les plus problématiques de ces systèmes est leur opacité. Les entreprises et les institutions conservent jalousement leurs secrets de conception, invoquant souvent la protection des données ou la propriété intellectuelle.

  • Une boîte noire : La plupart des utilisateurs ignorent les critères exacts sur lesquels reposent les décisions prises par les algorithmes.
  • Impossible à contourner : Cette opacité rend difficile le reverse engineering, empêchant ainsi de comprendre, critiquer ou corriger ces systèmes.

Conclusion : entre opportunité et aliénation

Les algorithmes ont transformé notre quotidien. Mais cette efficacité a un prix : une perte de contrôle, une amplification des inégalités et une dépendance accrue.

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